Définition :

Un abcès anal est une cavité remplie de pus située à proximité de l’anus entraînant de vives douleurs. La cause la plus fréquente des abcès de l’anus est la fistule anale qui est une infection d’une glande du canal anal progressant dans le sphincter anal pour aboutir à la peau située autour de l’anus ou à la fesse. Ces glandes peuvent s’infecter chez n’importe qui, sans raison particulière. ​​​​​​​

Avantages de l’opération :

Cette intervention a pour but d’évacuer le pus sous tension pour soulager la douleur et éviter la diffusion de l’infection. Elle doit être réalisée rapidement pour éviter cette complication. Les antibiotiques ont en effet une efficacité insuffisante pour traiter à eux seuls un abcès anal.

Suivi de Pré-Opération :

aucun régime n’est nécessaire, en revanche il est recommandé de débuter les laxatifs un ou deux jours avant, pour éviter la formation de bouchon de selles difficile à évacuer. Attention néanmoins à la diarrhée, ce type de chirurgie est le plus souvent fait en ambulatoire, c'est-à-dire que vous entrez à l’hôpital le matin même de l’intervention, et sortez le soir, sans passer de nuit à l’hôpital. Avant l’intervention il n’est pas nécessaire de faire de régime, ni de préparation de votre intestin.
Un rasage de la zone anale sera éventuellement fait au début de l’intervention par votre proctologue.

Opération/Traitement :

L’intervention est réalisée sous anesthésie générale ou locorégionale. Elle consiste à réséquer une collerette de peau, ce qui permet d’ouvrir largement la poche de l’abcès sans risque d'accolement précoce des berges source de récidive. La plaie opératoire est donc laissée ouverte. Dans le même temps opératoire, si la cause de l’abcès est retrouvée (par exemple une fistule anale), un traitement spécifique de cette cause peu être réalisé (voire fiche d’information correspondante).

Suivi Post Opération :

Après l’opération des soins locaux sont nécessaires. Selon l’importance de l’abcès et de la plaie, ils peuvent ou non nécessiter la prescription de soins infirmiers. Selon les cas, des lavages, nettoyages aux antiseptiques, méchages (introduction d’une gaze ou d’un pansement dans la cavité de l’abcès) ou application simple de crème ou de pommade sont nécessaires. Ces soins vous seront détaillés par votre chirurgien. La cicatrisation de la plaie opératoire demande quatre à six semaines. La gêne, parfois la douleur et surtout la contrainte des pansements réguliers imposent un arrêt de travail qui varie selon la taille de la plaie de quelques jours à plus d'un mois.

Complications :

Le risque de complication immédiate est minime : une hémorragie immédiate ou retardée est peu fréquente. Une rétention urinaire (impossibilité de vider sa vessie) peut s’observer avant le drainage par un phénomène réflexe et également après, comme après toute chirurgie proctologique. Elle peut nécessiter la mise en place temporaire d’une sonde dans l’urètre (le canal servant à uriner).

A quelles complications expose cette intervention à long terme ? 

Le risque principal du drainage d’un abcès est sa récidive si la cause de celui-ci n’a pas été traitée. Cette cause peut être difficile à mettre en évidence en phase d’abcès. Le drainage simple n’expose pas à un risque d’incontinence anale mais si la nécrose (destruction des tissus) concerne le sphincter anal, cela signifie que le muscle qui participe à la continence anal peut être endommagé par l’abcès source d’incontinence secondaire. Il est donc important d’intervenir suffisamment tôt pour éviter cette situation.

Questions pratiques : je vais être opéré de l’anus

Comment vais-je faire mes soins après opérations de mon anus ?

  •  A faire : 
    • Se laver le plus souvent possible, des plaies propres font moins mal et ont mois de risque de s’infecter.
    • Ne pas hésiter à passer le doigt sur les plaies. Les accolements peuvent se compliquer d’infection et de rétrécissement. 
  • A ne pas faire : 
    • Abuser d’antiseptique agressif et en particulier sans rinçage
    • Imaginer que la zone doit être <<stérile>> en fait elle doit simplement être propre
    • Avoir peur de << toucher>> la zone opérée : ni les soins locaux, ni les efforts de poussée lors de la défécation ne risquent de faire << sauter>> des points de sutures
    • S’acharner à laver un anus qui se souille en permanence à cause d’un encombrement rectal.
    • S’inquiéter de la présence des fils dans le pansement et /ou dans les selles. Les fils utilisés sont résorbables et tombent tous seuls
    • Solliciter de votre initiative un infirmier libéral sans prescription de votre chirurgien proctologue et sans une lettre de liaison en cas de prescription éventuelle

Quelles activités physiques vais-je pouvoir faire après une opération de mon anus ?

  • A faire : 
    • Organisez-vous dès vous connaissez la date de votre opération. La durée optimale de l’arrêt d’activité a été discutée avec votre chirurgien proctologue. Même si vous n’avez pas d’activité professionnelle, organisez-vous pour alléger vos contraintes (mère au foyer par exemple)

    • Pensez à demander un certificat médical pour inaptitude temporaire aux activités sportives ou périscolaires.

  • A ne pas faire : 
    • Ne rien organiser en vous disant que << l’on verra bien>>

    • Confondre la durée de cicatrisation et la durée d’arrêt de travail. Celle-ci dépend du type d’intervention, mais aussi de votre métier. L’arrêt de travail est plus long pour un travailleur du bâtiment que pour un travailleur sédentaire.

    • Prévoir de longs trajets après l’opération, ceci n’exclut pas de petites promenades raisonnables

    • Rester au lit ou au fauteuil toute la journée en favorisant ainsi la constipation, les phlébites et la contraction douloureuse du périnée

Comment vais-je gérer mon transit intestinal après mon opération de l’anus ?

  •  A faire : 
    • En cas de tendance à la constipation, il est recommandé de débuter le laxatif doux (qui vous a été prescrit) eu d’enrichir son alimentation en fibres quelques jours avant l'intervention.

    • L’objectif est d’avoir des selles moulées ou un peu molles. Le fait de de rentrer très vite chez soi favorise le transit.

    • Identifier rapidement d’éventuels encombrement (ou bouchon) rectal : gène, ballonnements, pesanteur, spasmes rectaux, suintements fécaux permanents, difficulté pour uriner, il ne faut surtout pas attendre pour réagir car les choses peuvent rapidement s’aggraver : il faudrait alors contacter l’équipe et le chirurgien proctologue

  • A ne pas faire : 
    • Rester totalement sédentaire, l’alitement prolongé est néfaste pour le transit.

    • Faire des excès de table : excès d’alcool, aliments gras, pigment.

    • Surdosez les Laxatifs : une diarrhée brûle les plaies et risque de les infecter.

    • En cas de diarrhée, prendre sans avis médical des médicaments qui ralentissent le transit(lopéramide) car risquent de tout bloquer.

    • En cas de de suintement fécaux, confondre vraie diarrhée avec fausse diarrhée due à un encombrement rectal.

    • Négliger les symptômes d’encombrement rectal : en cas de doute, il vaut mieux faire un lavement << pour rien>>

    • Faire un lavement avec un produit irritant. Il faut utiliser de l’eau du robinet.

Comment vais-je pouvoir gérer d’éventuelles douleurs après mon opération de l’anus ?

  • A faire : 
    • Adapter la prise des antidouleurs en fonction du type d’intervention chirurgicale, de l’intensité des douleurs, et de leur évolution dans le temps.

    • Maitriser l’hygiène des plaies, et avoir un bon transit intestinal.

  • A ne pas faire :
    • Ne pas débuter les médicaments contre la douleur dès les premières heures suivant l’intervention. En effet l’anesthésie locale faite pendant l’intervention fait croire que tout va bien. En fait le réveil de l’anesthésie locale survient 4 à 24 heures après l’intervention et peut être très difficile à calmer si les médicaments contre la douleur n’ont pas été démarrés à l’avance

    • Continuer à prendre des doses maximales de médicaments pendant des semaines alors qu’il n’y a plus ou presque pas de douleurs. Les doses prescrites sur l’ordonnance sont des doses maximales, pas une consigne aveugle.

    • Prendre de grosses doses d’antidouleurs le soir si on des douleurs uniquement le matin à la selle, par exemple

    • Avoir peur de prendre de la morphine ou un de ses dérivés, ou ne pas prendre la dose nécessaire pour être calmé. Leur action est dépendante de la dose. Et ceci avec une grande variabilité inter individuelle. Elle n’induit pas de dépendance. Elle est utilisée dans les douleurs fortes

    • Utiliser un anti inflammatoire ou un morphinique sur des spasmes ou des crampes ( il faut privilégier un myorelaxant)

    • Essayer de gérer la douleur avec des médicaments alors que celle-ci est provoquée par un bouchon rectal.

    • Croire que les anti-inflammatoires sont prescrits pour autre chose que le traitement de la douleur, et les poursuivre alors que celle-ci a disparu.

    • Déléguer la gestion de sa douleur à une tierce personne. Le meilleur juge de sa douleur est le patient lui-même.

Comment ferai-je face à d’éventuelles complication après mon opération de l’anus ?

  • A faire : 
    • Garder à disposition le numéro de téléphone qui m’a été fourni en cas d’urgence

    • Les premiers jours en particulier, savoir s’entourer et solliciter son entourage en cas de souci

    • Ne jamais paniquer ! votre chirurgien proctologue et son équipe sont toujours à votre disposition.